Maximilien LUCE (Paris 1858 - Rolleboise 1941)
Intérieurs de cellule, circa 1894; Fénéon sur le toit de la prison de Mazas, circa 1894 (3 œuvres)
Encres sur papier (2)
21 x 26 cm ; 21,5 x 27,5 cm
Signés en bas à gauche et en bas à droite et cachet de l'atelier Luce en bas à droite

Encre sur papier
15,5 x 25,5 cm
Cachet de l'atelier Luce en bas à droite
Signé et daté Mazas 9.94 en bas à droite

Provenance :
Famille de l'artiste
Artcurial 25 avril 2006 lot 156
Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire


Maximilien Luce (1858-1941) fut lui-même incarcéré à Mazas (comme Vallès): l'ancien ouvrier graveur n'a cessé dans son oeuvre d'affirmer vigoureusement ses conceptions socialisantes, non sans sympathies pour le mouvement anarchiste. (Inventaire du fonds français, p. 537, nº 19.) La prison Mazas, du nom du boulevard sur lequel elle ouvrait (devenu boulevard Diderot), fut construite à partir de 1845 à l'inspiration du modèle américain fondé sur l'isolement carcéral et la surveillance panoptique qu'avait fait connaître Tocqueville une décennie plus tôt, de retour de sa mission aux États-Unis. Située face à la gare de Lyon, elle remplaçait la prison de La Force et fut inaugurée en 1850. L'établissement fonctionna de 1850 à 1898, puis fut démoli en prévision de l'Exposition universelle; en effet, les autorités ne souhaitaient pas que les visiteurs venus à Paris débarquent du train face à une prison. Mazas accueillit principalement les prisonniers de droit commun condamnés à de courtes peines. Parmi les personnalités ayant été incarcérées figurent les députés protestataires du coup d'État du 2 décembre 1851, mais aussi Zo d'Axa, Georges Clemenceau, Arthur Rimbaud, Maximilien Luce, Jules Vallès, Victor Hugo, Raspail, Arago, etc...

En juillet 1894, Luce est arrêté et emprisonné à Mazas avec Feneon, Grave et un autre anarchiste notable, Sébastien Faure, à la suite de la vague de répression contre le mouvement anarchiste. Luce a été accusé d'avoir incité le peuple à se révolter à travers ses croquis. Mais faute de preuves suffisantes, il a été acquitté et libéré le 17 août, après quarante-huit jours de prison. Loin de dissuader Luce, cela ne fit que renforcer ses convictions anarchistes. Il a publié un album de dix lithographies sur la vie carcérale à Mazas. Chaque prisonnier représenté dans les lithographies avait le visage de Feneon ou de lui-même. Le texte final de l'album était "Ouvrez les cellules, abattez les murs des galeries de la prison .." Pendant un certain temps, il s'exile à Charleroi en Belgique.