Jean-Baptiste NATTIER (Paris, 1678 – id., après 1726) Borée enlevant Orythie Toile ovale 100 x 90 cm Notre tableau obéit à un format ovale qui suggère une destination décorative. Il fut donc certainement encastré, à l’origine, dans les boiseries d’une résidence, et surtout,et être accompagné d’autres tableaux mythologiques de mêmes dimensions. Notre œuvre est inspirée de L’Allégorie de l’Hiver de Jean Jouvenet peinte pour la résidence royale de Marly en 1699 et aujourd’hui au Louvre. Le dessin du bras droit de Borée et la mise en évidence de sa musculature offrent une indéniable ressemblance avec celle de l’Hiver, la figure ailée de l’arrière-plan témoignant là encore d’un rapport d’influence.Jouvenet fut en contact avec la famille Nattier. En 1685, il devint en effet le parrain puis le curateur de Jean-Marc Nattier (1685-1765), l’un des portraitistes de cour les plus renommés du 18ème siècle. Or, la célébrité de Jean-Marc Nattier est telle qu’elle a éclipsé le nom de son frère aîné Jean-Baptiste Nattier (Paris, 1678- id., après 1726), reçu peintre d’histoire à l’Académie royale en 1712 avec Joseph et la femme de Putiphar (aujourd’hui au Musée des Beaux-arts de Tours). Le corpus de l’oeuvre de Jean-Baptiste Nattier reste très limité mais les rares oeuvres mythologiques de lui qui ont survécu révèlent de nombreuses analogies avec le tableau redécouvert. Ainsi le canon d’Orythie s’apparente-t-il fortement à celui de Galatée telle qu’elle apparaît dans un tableau naguère dans le commerce d’art, et plus encore à celui de Vénus telle qu’elle est figurée dans une Mort d’Adonis signé « Nattier l’Ainé » daté 1713 ; vente Paris, Hôtel Drouot, étude Couturier Nicolay, 26 juin 1981, n°20). La part accordée aux nuées au sein même de la composition, tout comme le soin descriptif qui lui est accordé. La tonalité bleue pastel qui s’applique à l’arrière-plan ainsi qu’au drapé de Borée, trahit l’influence du pastel, en vogue après le passage de Rosalba Carriera à Paris en 1720, ce qui laisse supposer une date postérieure. Cette note bleutée fut d’ailleurs pratiquement omniprésente dans les portraits de Jean-Marc Nattier, très influencé par l’art du pastel. Les tableaux de Jean-Baptiste Nattier sont aujourd’hui extrêmement rares, que ce soit dans les ventes ou les collections publiques. Outre les tableaux cités plus haut, on ne peut guère citer qu’un David avec la tête de Goliath (une version au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, une autre récemment dans le commerce d’art français), et deux exemplaires du morceau de réception (l’un à nouveau au Musée de l’Ermitage, l’autre dans une collection particulière française). Même le devenir de l’artiste reste particulièrement obscur. Jean-Baptiste Nattier fut en effet déchu de l’Académie royale en raisons de ses « moeurs » le 27 avril 1726, sans qu’on sache ce qu’il advint de lui après cette date.