[MANUSCRIT] Ernest MOUCHEZ (Madrid 1821 - Wissous 1892), astronome et physicien. Capitaine de vaisseau en 1868, il explora le Canal de Suez et la Mer Rouge en 1870. Membre de l Académie des Sciences, il fut nommé, en 1878, contre-amiral et directeur de l Observatoire de Paris. Sheik Saïd (Bab El Mandeb). Manuscrit autographe signé, non daté [1870], broché, petite fente au dos, de 12 pages non chiffrées, précédées d'un feuillet de titre et accompagnées d'une carte imprimée volante avec annotations au crayon. Quelques ratures et corrections. Le célèbre astronome et hydrographe quitta Marseille le 19 mars 1870 pour se rendre dans le canal de Suez, puis au détroit de Bab el Mandeb, entre le Yémen actuel et Djibouti, afin d étudier le mouillage du port Sheik Saïd et les avantages que celui-ci pourrait apporter au ravitaillement des navires. Le manuscrit débute par une description de Sheik Saïd : situation le long des côtes d Arabie, existence d une lagune qui lui est attenante, puits et ressources en eau, nature des terrains. Puis Mouchez étudie son mouillage, qu il considère comme l un des meilleurs de la côte : "Le mouillage de Sheik Saïd paraît excellent et un des meilleurs de la côte d'Arabie. On y est très bien abrité des vents généraux du Sud à l Est par le Cap et l Ile de Périm ; la mer y est toujours très calme et on peut presque en tout temps débarquer sur la plage ". Il analyse ensuite les avantages de cette position, très fréquentée par les caboteurs arabes qui viennent depuis la côte africaine avec leurs approvisionnements de bœufs et de moutons. Il souligne aussi la possibilité de faire du commerce de gommes, de café, d ivoire et d or. Si une occupation éventuelle de Sheik Saïd par la France pourrait être intéressante du point de vue commercial, en revanche elle ne le serait pas sous l angle militaire et politique, car les Anglais ont acquis récemment toutes les terres qui bordent la côte entre Aden et Bab el Mandeb, et pris possession de l île de Périm, située dans le détroit, ce qui laisserait le mouillage à la portée des canons anglais. Mouchez détaille également les circonstances qui ont amené le chef arabe Ali Saber, qui avait besoin d argent, à proposer le territoire de Sheik Saïd à des négociants français qui l auraient acheté pour le revendre ensuite avec bénéfice au gouvernement. Il dénonce cette tentative de spéculation, puis il relate les man uvres des Anglais, fortement opposés à ce projet, pour s emparer du territoire : attaque et pillage de la tribu d Ali Saber par des tribus voisines soumises à l autorité britannique - intervention d un agent turc qui s est rendu plusieurs fois à Aden - impossibilité pour l agent consulaire français de communiquer avec Ali Saber, etc. Provenance : archives personnelles d'Ernest Mouchez.