IMPORTANT TAPIS IMPÉRIAL en soie de forme rectangulaire, à décor polychrome rehaussé de fils cuivre doré sur fond crème, représentant, sur le champ, neuf dragons pourchassant la perle sacrée, entourés d'une large bordure rythmée d'emblèmes bouddhique dans des réserves sur un fond de fleurs stylisées organisées en pavage géométrique, des petites franges soulignant les petits côtés, l'un deux portant sur le bord l'inscription : "Bao He Dian Yu Yong, " Fait pour sa majesté du palais de la préservation de l'harmonie " (mention de Jehol). (Petites usures et taches). Chine, dynastie Qing, période Jiaqing (1796-1820), fin du XVIIIe-début du XIXe siècles. 270 X 180 CM (106 5/16 X 70 7/8 IN.) PROVENANCE Descendants de l'Amiral Ortoli (1900-1979), Paris. NOTE Compagnon de la Libération, conseiller d'état, l'Amiral Ortoli (1900-1979) a régulièrement navigué en Mer de Chine méridionale et dans l'Océan Pacifique, avant, pendant, et après la Deuxième Guerre mondiale. En 1933, il est commandant du navire hydrographique Octant, qui participe à la cartographie des côtes, de Saïgon à Hong-Kong en passant par Haiphong. C'est lors d'un passage à Shanghaï ou Hong-Kong que ce passionné d'art asiatique achète un tapis impérial à neuf dragons. Le tapis traversera les océans lorsque, fin 1934, Paul Ortoli quittera Saïgon pour rejoindre Toulon. Avant de prendre le commandement, quelques mois plus tard, du contre-torpilleur La Flore, il prend soin de laisser sa collection rapportée d'Asie, dans l'hôtel particulier familial de la rue Banasterie, à Avignon. Il rejoint Londres en mai 1940 et rallie la France Libre en août de la même année. Il participe ensuite à la Bataille de l'Atlantique comme commandant du sous-marin Surcouf, puis devient chef d'état-major particulier du Général de Gaulle en 1941, avant d'être envoyé dans le Pacifique avec le croiseur Triomphant. En 1946, juste après la Seconde Guerre mondiale, l'Amiral Ortoli devient commandant des forces maritimes françaises en Extrême-Orient, puis, en 1954, commandant en chef de la zone stratégique de l'Océan Indien. Entre ses missions, il revient régulièrement à Paris. Les objets collectionnés au cours de ses périples décorent son appartement, d'abord de la rue de Courcelles, dans le 17ème arrondissement, puis de la rue de Seine, dans le 6ème. Le tapis trônant dans le salon aura été particulièrement admiré par Lord Louis Mountbatten, vice-Roi des Indes, lors d'un dîner rue de Seine. Le Palais de l'Harmonie Préservée (Baohedian) est le troisième et dernier pavillon situé sur l'axe central de la cour extérieure de la Cité interdite. Construit en 1420, les empereurs Ming s'en servaient pour changer de vêtements lors des cérémonies rituelles. Les empereurs de la dynastie des Qing, eux, s'en servirent de salle de banquets impériaux et à partir du règne de Qianlong, on y passait les examens. Notre tapis fait intimement écho à la monumentale dalle en marbre sculptée, située devant le palais, décorée de neuf dragons pourchassant des perles sacrées.