Description Louis ANQUETIN (Etrepagny 1861 - Paris 1932) Portrait d'Emile Bernard, étude, 1887 Craie noire, pastels de couleurs et lavis sur papier calque 29 x 24,4 cm à la vue Ce pastel qui est une étude pour le portrait d’Emile Bernard conservé au Musée Van Gogh d’Amsterdam, nous montre les relations qui liaient les artistes entre eux au sein d’un même atelier. Il était de coutume que les élèves se portraiturent les uns les autres dans un souci de praticité et d’amitié. Emile Bernard entre à l’Atelier Cormon en septembre 1884, il n’a alors que 16 ans mais impressionne ses condisciples par son assurance et sa maturité. Instantanément fasciné par Louis Anquetin il parle en ces termes de leur rencontre : « Je fus frappé, dès mon entrée à l’atelier, par un grand torse que peignait Anquetin. Cela était d’une force, d’une désinvolture qui me conquit aussitôt et je ne pus faire autrement que de désirer connaître le peintre qui tranchait si vivement sur les autres élèves. Celui-ci n’était pas comme eux un hésitant, un timide, mais déjà semblait un maître ». Emile Bernard ajoute : « J’aimais son amour de l’art, la constance de son ambition pour les grandes choses. Il parlait toujours de Michel-Ange avec passion. » A partir de ce moment naît une profonde amitié entre les deux artistes qui se passionnent pour les mêmes sujets sur la théorisation de l’art. Mais la présence d'Emile Bernard à l’atelier Cormon ne sera que de courte durée car en avril 1886, le Maître des lieux décide de renvoyer Bernard pour insubordination suite à un acte révolutionnaire, mais d’une grande modernité, au cours duquel il repeint avec des couleurs vives la toile de fond devant laquelle posait les modèles. Par cet acte, Emile Bernard marque son indépendance par rapport à l’Atelier Cormon et son enseignement classique. L’impressionnisme prenait de plus en plus de place au détriment du grand style. Dès lors, le charme de l’atelier Cormon était rompu et les élèves s’en détachèrent petit à petit. François Gauzi écrit : « Cormon (…) sentait, avec amertume, une partie de ses élèves lui échapper. » Ce portrait d’Emile Bernard est réalisé en 1887, l’année ou les deux artistes vont mettre au point le Cloisonnisme. Influencé par le japonisme, le primitivisme, le divisionnisme de Seurat qui simplifie son dessin pour ne garder que les lignes importantes et la précision du dessin hérité de leur enseignement à l’atelier Cormon, Anquetin et Bernard réalisent leur première toile cloisonniste en mars-mai 1887, Le Bateau au soleil couchant et Les chiffonnières du Pont de Clichy. Le second tableau manifeste de cette nouvelle expression plastique, connu d'Anquetin est Le Faucheur à midi, rappelant les mêmes tons ocres utilisés dans la réalisation du portrait d’Emile Bernard. On retrouve également dans un autre portrait de Louis Anquetin, Profil d’enfant et étude de nature morte, le même trait noir cernant le motif, inspiré de la technique ancestrale des cloisonnés médiévaux et caractéristique de ce nouveau synthétisme qui sera poussé à son paroxysme par Vincent van Gogh et Paul Gauguin. En 1887, Louis Anquetin et Emile Bernard se situent à la pointe de l’avant-garde. Au-delà d’illustrer les relations des artistes entre eux, cette œuvre a une importance majeure sur le plan de l’histoire de l’art dans la mesure où elle témoigne de la naissance d’un nouveau mouvement de l’art moderne. Provenance: Collection Albert Grenier Collection particulière, toujours resté dans la famille par voie de succession Expositions: Galerie Brame et Lorenceau, Anquetin, la passion d'être peintre, 26 mars -20 Avril 1991, n°6. Vincent Van Gogh and the painters of the Petit Boulevard, Saint Louis Art Museum du 17 février au 13 mai 2001 - Frankfurt, Städelsches Kunstinstitut du 8 juin au 2 septembre 2001, reproduit page 26. Toulouse Lautrec et ses amis, exposition, Albi, Musée Toulouse Lautrec, du 21 mars au 31 mai 1992, catalogue par Daniele Devinck, n° 2 page 16. Toulouse-Lautrec et son cercle, Danièle Devynck, Bunkamura, The Bunkamura Museum of Art du 10/11/2009 au 23/12/2009 - Kitakyusha, Kitakyusha Municipal Museum of Art, Riverwalk Gallery du 02/01/2010 au 07/02/2010 - Hiroshima, Hiroshima Museum of Art du 13/02/2010 au 22/03/2010, n°15.